Witchcraft

Au coeur du bourbier, dans la crasse, dans la fange, les pleurs et la puanteur. C'est dans l'endroit le plus infâme de la colonie que cet homme au grand coeur a vue le jour, là qu'il a grandi dans un mode de vie modeste, là qu'il a épousé sa femme et là qu'il a vu naître sa fille. C'est là que son père lui a appris à tailler le bois, là qu'il a eu ses premiers pas, ses premiers émois, ses premières peines. C'est en pataugeant dans la merde de l'humanité qu'il a comprit combien le monde était beau, combien il était important de le préserver. Mais même l'insouciance a un prix, comme tout dans ce monde gorgé par la peur et le malheur.

Quand le drame survient, ce fut lors d'une nuit comme une autre. Tout à commencer par un cauchemar, un tout petit cauchemar, celui d'une fillette de cinq ans qui déclenche involontairement unf eut dans une maisonnée tout faite de bois. Tout à flambée à une allure démesurée, entre larmes et toux brisée par la fumée nocive des flammes... L'enfant y est morte, tuée par sa propre magie. Solomon alors, comprend. Il comprend le mensonge, le blasphème. Celui-ci cacher à ses yeux, par sa propre femme, son grand amour, mère de son enfant. Et elle le fixe, le regard larmoyant. Il se fiche de sa culpabilité, il ignore ses pleurs, ses suppliques, il snobe la douleur d'une mère qui vient s'assister au suicide de son enfant.

Ce qu'il se souvient, c'est de cette rage fulgurante, assommante, enivrante, étouffante. Il se souvient l'avoir prise par les épaules, du gout de ses propres larmes alors même qu'il pousse son épouse dans les mêmes flammes qui viennent de ravager leur maison et tuer leur enfant. Il la pousse, il la jette même, avec toute la haine possible. Elle la sorcière, tout est de sa faute. Elle a vendu son âme au Diable, ainsi que celle de leur fille. La putain! la catin! La mère monstresse impudique, compagne du diable! La créature abjecte n'est plus. Et son coeur à lui, réduit à la misère.

Il est resté jusqu'à l'aube, observant les restes fumant d'une vie paisible parti en fumée en un rien. Tout à commencer avec un cauchemar, un tout petit cauchemar... Et c'est le début d'un autre, bien plus grand. Plus ardent. Il a tout quitté Solomon et il a vendu son âme aussi, à une autre sorte de diable, tout de lueurs vêtues. Il est celui qui punit les démones de leur baise sauvage à Walpurgis, celui qui prie le seul Dieu qui mérite leur amour. Il s'est agenouillé devant le Vail, il lui a presque baisé les pieds. Qu'il le prenne, lui et son âme torturée. Il travaillerait dur, il traquerait toutes ces salopes, ces putains et ces pestes! Voilà donc ce qu'est Solomon. Il n'est plus. Il est devenu le Talion, celui qui venge au nom de Dieu, et au nom du Vail.