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[RP Libre] Aux armes. [Alphaeus]

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Felix Diletto
Felix Diletto

La fleur de feu. | Feat Alphaeus Vail
Fin Mars 1690, Port de Warwick Bay et alentours.



    Elles ont sonné, les cloches, les alarmes de la retraite. Tous aux abris, tous cachés ; la lune est haute et pourtant a disparu depuis longtemps derrière de sombres et lourds nuages qui ne présagent rien de bon. Les coups de feu aussi, depuis le port, ont résonné dans la vallée comme une menace de mort qui plane sur toute la colonie. Si l'on a le nez assez fin, ou l'esprit assez malade, l'on pourrait sentir l'odeur âcre et ferreuse du sang frais mais damné. Qu'il est bon d'être en vie.

    Felix est songeur. Le couvre feu a sonné depuis longtemps, et sûrement des patrouilleurs vont venir le dégager du port. Mais hors de question d'aller dormir maintenant ; il est pensif. La magie Indienne lui paraît totalement aberrante, et bien que ces histoires lui fassent l'effet d'un vent frais en haute montagne - c'est à dire que c'est un peu chiant mais pas dramatique - il ne peut s'empêcher d'être préoccupé par l'avenir de la colonie si de telles créatures existent et sévissent vraiment...
    Il est subitement sorti de ses pensées par des bruits de pas pressés. Un soupir, d'abord, il se retourne lentement s'attendant à râler après un milicien, quand c'est un tout autre visage qu'il reconnaît. Étrange, l'inquisiteur est bien la dernière personne qu'il aurait songé rencontrer ce soir. Mais il ne lui faut pas longtemps pour comprendre le lien entre les événements nocturnes et la présence de cet homme d'église en ces lieux peu fréquentés, si ce n'est par des marins qui surveillent l'arrivée nocturne de leur future cargaison.

    M'sieur Vail. D'un geste de la main nonchalant, Felix regarde l'homme s'approcher avec sa torche. Quel mauvais augure t’amène ? Questionne-t-il en croisant les bras, l'air peu alarmé par la situation. Oh, ça fait bien longtemps qu'il a laissé tomber le vouvoiement ; pas de ça avec lui.
16.05.17 2:44
Alphaeus Vail
Alphaeus Vail
LA MAIN DE DIEU
Dents serrées, le regard ardent et les pouces calés dans la ceinture, il déambulait d’un pas moins assuré que d’ordinaire, sa démarche troublée par la blessure infligée par le Wendigowak. Levant son menton vers le ciel, ses iris azurés avisèrent l’astre lunaire accompagnés d’un frisson alors qu’il se remémorait la rencontre dévastatrice avec la bestiole démoniaque quelques heures plus tôt. Brr. Foutus indiens et leur magie ancestrale, foutues croyances impies et leur pratiques occultes, comme si les hérétiques du village ne se suffisaient pas à eux-même, comme s’il fallait qu’en plus une tribu de peaux-rouges bouffeurs de plumes lui rajoute des problèmes. Alphaeus releva un pan de sa pèlerine noire et inspecta les bandages multiples qui enserraient son torse. En repassant par le village, il avait tout juste prit le temps de se soigner. Sous son bras droit, zébrant ses côtes en diagonale, il devinait l’entaille laissée par le monstre dévoreur de chair. Il grogna pour lui-même, ignorant bravement la douleur qui irradiait. C’était comme un feu doublé d’une pluie d’aiguilles ; ça le brûlait et le piquait constamment, et lorsque son esprit venait à en oublier la sensation, un mouvement trop brusque la lui rappelait soudainement, si bien qu’il croyait son épiderme se déchirer plus encore.

Quoi qu’il en soit, plus que cette vilaine estafilade, c’était son incapacité à heurter la créature qui le chiffonnait. Il avait beau retourner ce qu’il avait observé dans tous les sens, il n’était pas fou ; il avait bel et bien vu le Wendigo absorber les balles de ses pistolets, et en cela résidait leur plus gros problème. D’une, parce qu’il refusait de compter sur la magie des ploucs indigènes ainsi que sur la sorcellerie locale qu’il combattait quotidiennement, de deux parce que le feu semblait tout aussi inefficace que la poudre. Alors que craignait cette chose à cornes ? Qu’on lui lance des tomates pas fraîches ? Haha. Il ricana tout seul, à la façon d’un tavernier lourdaud qui s’égaille devant ses patients enivrés. Bref. Il refronça subitement les sourcils, prit son air le plus féroce, et alla d’un pas décidé à la rencontre d’un certain freluquet à la tignasse ébène frisotante.

Il était certain de le trouver sur le port. Passé le dernier rempart qu’offraient les bâtisses en bordure, un vent inconstant lui apporta une odeur iodée et le clapotis du ressac. L’inquisiteur cligna des yeux et huma l’air frais avant de s’engager plus en avant sur les quais. Là, sous le clair de lune, se dégageait cette silhouette si facilement reconnaissable, celle du contrebandier ambitieux qui était devenu un allié intéressant ; Felix. L’androgyne fricotait souvent dans des endroits louches à des heures bien trop avancées, mais puisqu’il servait ses intérêts, Alpha n’en avait cure. C’aurait été une dame, il aurait crié à la sorcellerie. Allez comprendre la logique que lui insufflait ses moeurs. Il accosta l’homme d’un pas décidé. « - Salut, Felix. Il eut un sourire jaune, presque désabusé. Tu crois pas si bien dire. C’est un sacré foutoir au village ce soir. Il passa une main lasse dans ses cheveux, puis soupira légèrement. T’as forcément entendu parler du Wendigo et de ce qui s’est passé ce soir, vu que tes oreilles traînent partout. On a ramassé sévère. Ce truc là est intuable, on lui tire dessus que ça lui fait même pas la plus petite égratignure. J’ai b’soin de tes conseils et de ton stock pour coincer cette horreur ambulante. J’aurais bien pensé à une arme de argent, tu vois, mais bon… » Mais bon, il n’avait aucune certitude que ça fonctionnerait. Ca lui semblait même trop simple, trop habituel comme manière de procéder. Non, là, c’était une bestiole indienne. Ca devait pas fonctionner pareil. Il haussa les épaules. A eux deux, peut-être qu’une idée lumineuse leur viendrait.
16.05.17 14:55
Felix Diletto
Felix Diletto



    S'il a forcément entendu parler de la bête ? Felix lâche un rire narquois, moqueur, railleur ; un peu jaune aussi. Il faudrait être fou, ou sourd et aveugle pour n'avoir entendu parler de ce qu'il se trame en ville, récemment. Un sacré foutoir dans le quartier, tu dis ? Au vu de la démarche claudiquant de l'inquisiteur, le matelot affiche une légère grimace. Qu'il fait bon vivre à Warwick Bay, d'aller se promener dans les bois en compagnie de torches et d'armes à feu. La poudre est une bien mauvaise compagnie, cependant, d'après les dires de l'homme de foi ; et le regard du matelot s'illumine dans la pénombre lorsqu'il entend parler d'armes plus efficaces. Ahh... Alphaeus Vail aurait-il oublié à quel point honnête est ce bon Italien ? Cocasse situation. Cela dit, il est de bonne foi, le matelot, et prendrai presque en pitié son camarade tueur de sorcières ; autant l'aider un tantinet.

    Aaah, Alphaeus... Sans douceur, il frappe amicalement l'épaule de l'inquisiteur et le pousse à suivre ses pas. Navré de te dire que j'apprécie ce genre de mauvais vent. De l'argent tu dis ? L'espace d'un instant, il réfléchit sérieusement. Loin de lui l'idée d'arnaquer son comparse ; l'affaire pourrait lui retomber sur le nez, de toute façon, et perdre un allié comme celui-ci... Hmr. Ce n'est pas bon pour ses affaires, encore moins sa sécurité. Elle est indienne, cette putain, je m'trompe ? Questionne-t-il alors qu'il se dirige vers son propre entrepôt ; un bâtiment de bois et de brique dont seul lui a les clés. Hmr, je ne sais pas si les armes de notre culture sont efficaces contre elle. Ce serait dommage de dépenser de l'argent et de l'armement pour rien... La production coûte cher, et même si Felix y trouve son compte, le processus de fabrication est long et dangereux. Puis, à tous les coups, il faut des incantations stupides et ridicules dans un cercle de flammes ou quelque chose de similaire pour juste affaiblir le il-ne-sait-quoi de la bête pour qu'elle soit enfin vulnérable. Cela dit, il doute que la fracasser à coup de hache en pierre de Mohawk soit plus efficace que des balles d'argent. Une idée lui vient alors ; c'est une bête, elle craint le feu, comme tout être vivant sur cette terre. Tu as songé à des explosifs ? La question sort un peu de nulle part, mais il sait qu'il peut se procurer du nitre en vitesse. L'opération risquerait cependant d'être une sacrée dépense pour l'inquisiteur et ça n'est même pas dis que l'explosion produise des flammes...
16.05.17 18:00
Alphaeus Vail
Alphaeus Vail
LA MAIN DE DIEU
Ce gamin c’était l’opportunisme. D’une conscience légère comme une feuille, il se laissait porter là où le vent soufflait, et qu’importait les marchés corrompus vers lesquels la brise de la bonne fortune l’entraînait puisque l’honneur était au contrebandier ce qu’était la foi aux sorcières ; le néant. Le gars était sacrément astucieux, et en conséquence Alphaeus plissait toujours les yeux de concentration lorsqu’ils conversaient, comme pour être certain que l’autre ne le roulait pas dans la farine de la plus subtile des manières.
C’est donc ce qu’il faisait présentement, vrillant un regard a fortiori perçant et dur sur son interlocuteur mais amoindri par la douleur. La bourrade de Felix lui arracha d’ailleurs une grimace. T’apprécies tous les vents, tu veux dire. L’inquisiteur posa une paluche protectrice sur son bras droit pour se protéger des futures accès de fausse camaraderie de Monsieur bouclettes.

Il opina du chef à plusieurs reprises, ponctuant le discours de son vis à vis de son approbation. Oui, il envisageait l’argent pour combattre ce démon. Oui, la bestiole était indienne. Oui, investir pour rien serait insensé, et l’Eglise refuserait peut-être de financer leurs projets s’ils ne les jugeaient pas efficace - ces imbéciles de pasteurs, qui n’avaient jamais tâté le terrain, auraient probablement dit quelque chose d’inconséquent comme “notre foi nous sauvera”. Oui… ah, non. Des explosifs ? Tu veux pas faire sauter tout le village quand même… Il fronça les sourcils, se donnant un de ces airs réprimants qu’on adresse aux idées loufoques d’un jeunot trop excité. Il réfléchit néanmoins. Et puis, ça fonctionnerait comment ? On lui balancerai dessus ? Parce qu’elle est sacrément rapide, alors à moins de la piéger... Il échafaudait des plans à toute vitesse, posait les jalons de leur succès dans son esprit. Il se voyait déjà rameuter le Wendigo jusqu’à une zone bourrée d’explosifs, mais c’était un plan dangereux et aux taux de réussite avoisine zéro. Ca m’semble compliqué. On est pas sortis de l’auberge. Et à c’rythme, on sera bientôt plus très nombreux pour combattre. Il repensait aux morts qu’avaient provoqué la traque, à la façon dont la bête avait déchiqueté de fidèles citoyens. Un éclat de fureur traversa ses iris. Que Dieu leur donne la force de vaincre.
18.05.17 11:06
Felix Diletto
Felix Diletto



    Le vent, qu'il soit salé, humide, froid, chaud, sablé ; qu'il apporte les effluves d'un repas ou ceux d'un corps calciné, Felix l'aime tant qu'il peut en tirer quelque chose. Un principe, une philosophie de vie. Le matelot a tôt fait de s'écarter de son camarade en remarquant que sa bourrade n'a rien d'agréable pour les blessures de l'inquisiteur. Attentif vous dites ? Quand il ne s'agit pas d'affaires, j'connais pas.

    Faire péter le village ? So'ffusque-t-il dans un souffle presque indigné. Ce serait complètement contre-productif. Quoi qu'on en pense, le contrebandier a besoin de cette colonie infestée de créatures magiques et démoniaques pour ses affaires. Y a qu'à regarder le mec qui l'accompagne dans sa marche et celui avec qui il va signer des papelards à Harrisburg pour du tissu. D'ailleurs sa pensée va à cet homme : le pauvre Aloïs doit être en train de prier son bon Dieu pour qu'il épargne le village. Les bâtons d'explosifs ou les fût fonctionnent bien, explique-t-il, mais si tu dis qu'elle est rapide...

    Si par "bientôt plus très nombreux pour combattre", Alphaeus compte les dommage collatéraux... En effet, ils ne seront bientôt plus très nombreux pour combattre. Un instant, le trafiquant s'arrête, songe.

    Revenons-en à ton idée de départ. De l'argent... C'est un peu tristement qu'il met de côté son idée d'explosifs. Jamais il arrivera à la vendre cette merde. Cependant, il reste très sceptique quant à l'efficacité du métal précieux sur un monstre d'une autre culture. Les Indiens doivent bien avoir un autre moyen de terrasser une telle créature. Après, moi ça m'dérange pas de t'en filer hein. C'est juste que je voudrais pas que ça soit aussi efficace qu'une pierre dans l'eau et que vous finissiez tous noyés, tu vois ? C'est qu'il serait presque inquiet, le matelot, si seulement lesdits "noyés" n'étaient pas de potentiels chiffres d'affaire en plus. Ça a une propriété particulière sur les créatures du démon, l'argent ? Questionne-t-il enfin. Lui il finance des guerres, pas des classes de catéchisme.
18.05.17 15:10
Alphaeus Vail
Alphaeus Vail
LA MAIN DE DIEU
Ouais, oublions les explosifs. Il hocha vigoureusement la tête et fit des aller retours sur le quai étriqué du port de Warwick Bay, à la façon d’un penseur convaincu que le mouvement stimule ses idées, que la marche agite sa matière grise. La mer calmait son esprit tempétueux, encore troublé par le combat, rinçait l’odeur ferreuse du sang accrochée à son pif comme une moule à son rocher à grandes goulées de sel, noyait les images vermeil des corps désarticulés et dévorés sous la houle tumultueuse. L’inquisiteur se perdit un instant dans la contemplation de ce paysage, oubliant son interlocuteur pour puiser du courage dans la force impétueuse de l’océan, puis se tourna à nouveau vers le friseteux.
L’argent, c’est leur point faible. Ca brûle les démons aussi sûr qu’une sorcière crâme dans un bon bûcher tu vois. Ses yeux prirent un éclat malsain, comme nourris par la souffrance des hérétiques, et il fut secoué d’un rire glauque. Ha ha ha haïe ! il se tint brusquement les côtés car sa blessure l’élançait. Donc si t’as ça en stock, je suis preneur. Sinon, tant pis. On trouvera bien de l’argent quelque part, et au pire je détrousserais les bourges de leur argenterie, ça leur apprendra à être trop riches. En tout les cas, j’aurais besoin de lances et de carreaux d’arbalète. Et ça, je suis sûr que t’en caches quelqu’part. Il balaya le port d’un regard circulaire, cherchant ladite marchandise alentours alors qu’il n’avait aucune idée d’où Felix pouvait bien dissimuler ses affaires.
Quoi qu’il en soit, il devinait l’androgyne bouclé réticent. Le garçon ne s’empressait jamais de conclure une affaire, à moins d’être certain d’y trouver bénéfice sans compromettre son négoce. Par contre gamin, j’ai pas quinze ans. Le village est à l’agonie, la bête rôde et va frapper d’ici demain midi si on a pas mis la main sur le gosse qu’elle cherche. Et j’préfère te dire que j’en ai rien à cirer du marmot. On la bute, un point c’est tout. Manquerait plus que ça, qu’on marchande avec le Diable. Il cracha par terre et serra la croix pendant à son cou. Donc tu t’magnes d’accepter, et on enchaîne. Il était déjà sur le départ, ne souffrant d’aucune contestation possible. Si l’autre trouvait à y redire, Alphaeus lui donnerait quelque sous de plus la prochaine fois, histoire de pas froisser un précieux informateur, mais pour l’instant leur temps était compté, et il ne lui seyait point de mourir ici.
Il avait une vendetta à mener à bien.
Un assassin à identifier.
Une ville à purger.

19.05.17 11:40
Felix Diletto
Felix Diletto



    Ses sourcils se froncent, ses yeux se plissent lentement. Il n'y voit rien, dans l'obscurité, mais il connaît le chemin par coeur ; bientôt ils arrivent à l'entrepôt. Felix est pensif, ignore complètement le frénétique rire de son camarade. Qu'il brûle des sorcières si ça lui chante. Une de ses pensées s'en va vers Roxanna, qu'il ne dénoncera pour rien au monde auprès de cet homme de foi barbare. Retour de bâton, voilà qu'il couine à cause de sa blessure. Un instant, le matelot regarde la mer, passe une main dans ses cheveux bouclés, emmêlés, pas franchement propres. Qui pourrait croire, de l'autre côté du rivage, ce qu'il se trame par ici. Un soupir.

    Ouais, les carreaux j'dois en avoir. Mais la lance, va falloir allez regarder côté milice. Moi je fournis des armes, pas des cures-dents. Ronchonne-t-il avant que l'inquisiteur n'enchaîne sur autre chose. Gamin ? Le matelot fronce le nez, claquant sa langue contre son palais. La ville est à l'agonie, certes. Lui il peut se trouver un autre colonie, y a pas de problème là-dessus. D'ailleurs, sans lui, ses armes et ses magouilles, il doute que Warwick Bay réussisse à tenir bien longtemps. Va falloir se calmer, vieux bougre. Un sourire presque apaisé, un peu victorieux, étire ses lèvres alors qu'il se rapproche enfin de l'inquisiteur, les bras croisés. Si toi t'en as rien à foutre du marmot, sache que moi non plus. Et encore moins de ta grosse bête. Il lève une main en frictionnant son pouce contre son index. Tu sais ce qui m'intéresse. Mes services sont pas gratuits. Et des balles en argent ça va être beaucoup trop long à faire, il faudrait aussi les armes qui vont avec, c'est un coup à ce que le canon explose. Les carreaux d'arbalète c'est pas une mauvaise idée du tout, mais ça a un prix. J'ai des stocks, y a pas de problèmes. Trouve l'argent, trouve les fonds, et ils sont à toi. Autrement...

    Il laisse sa phrase en suspend. Pas besoin de préciser la suite : Alphaeus a très bien compris. Cependant, le jeune matelot n'est pas non plus un tyran, et il y tient un minimum à cette colonie. Juste pour les rares personnes dignes de confiance qui y habitent. La famille Chester ne mérite pas un tel châtiment ; alors il lève le nez, hoche la tête vers la ciel couvert de la fumée noire des feux qui brûlent çà et là dans la ville.

    Mais toi et moi, on s'connaît. Tu sais bien que je suis pas un mauvais bougre ! À ces mots, il se dresse sur la pointe des pieds pour passer un bras autour du cou des épaules de son camarade. Un peu de familiarité ; mais surtout pour l'inciter à se baisser un peu, pour parler tout bas. Mon seul souhait est d'aider ceux qui en ont le plus besoin. La main sur son propre torse, son ton est presque théâtrale. Tu sais c'que j'accepte. Tu sais que j'aime rester discret. Évidemment, quelques piécettes suffiront si le reste du marché est alléchant. Je suis tout ouï sur tes propositions, très cher.

    Il sent sa gorge vibrer, comme celle d'un chat qui ronronne, alors qu'aucun son de son ricanement ne passe ses lèvres. Ou peut-être est-ce le son de la panique qui couvre sa voix ; il laisse le choix à Alphaeus de décider ce qu'il veut faire. Ce qu'il souhaite faire.
17.06.17 14:09
Alphaeus Vail
Alphaeus Vail
LA MAIN DE DIEU
Un soupir.
Oui, oui. Alphaeus savait bien que seul l’argent attendrissait les yeux farceurs du friseteux, qu’il entendrait un sous tomber sur les pavés à vingt lieues, qu’il sentait le pognon comme s’il était le seul à en percevoir le parfum. L’inquisiteur leva les yeux comme un enfant qu’on sermonne pour la énième fois puis composa une mine sévère. Autrement quoi ? Que Felix ne joue pas plus malin en cette nuit, car Alpha était sur les rotules : il n’avait ni la force de se montrer patient, ni la force de marchander comme ils le faisaient d’habitude. Il s’apprêtait à lui rétorquer quelques phrases joliment tournées pour lui signifier sa façon de penser, mais l’autre enchaînait déjà, pressentant peut-être qu’il lui valait mieux se montrer conciliant s’il souhaitât que ses affaires fleurissent.
Monsieur bouclettes se hissa à sa hauteur et le pris par les épaules à la façon d’un vieil ami. Alphaeus ne s’en renfrogna que plus. Le petit manège du contrebandier ne l’intéressait guère, et ils se connaissaient suffisamment pour que l’inquisiteur sache que Felix était tout sauf un gentil garçon. Alors pour qui se donnait-il en spectacle ? Pour les rats courants entre les caisses sur les quais ? Pour les nuées de corbeaux qui décrivaient des ronds inquiétants à l’horizon, là où l’on avait délaissé les mourants que le Wendigo avait transformés en loques ?
« Cesses donc ta jactance indésirable. Si t’es enfant de choeur alors je suis l’Pape. Toi et moi, on a aucune compassion. Mais tu veux faire tourner tes affaires, et t’as bien plus à tirer d’nous si tu nous tends gentiment la mimine maintenant. T’espères qu’on t’soit redevables. Que JE, te sois redevable. Il prit sa main sur son épaule et la jeta dans le vide, pour se défaire du contact importun. Alors épargnes nous ton formidable jeu d’acteur. Il se planta face à lui. Alors voilà ce qu’on va faire. Je vais t’envoyer quatre-cinq gars pour t’aider à trimballer le matos. J’ai besoin d’une trentaine de carreaux, tout au plus. Que je sois damné si y’en ai pas un qui fasse mouche dans l’lot. Pendant ce temps là, moi j’organise une levée de fonds via notre bon pasteur, et je te lègue la récolte quand j’aurais reçu le matériel. Pour ce qui est de l’argent, je me débrouille. Il recula d’un pas, et lui jeta la bourse qu’il avait accrochée à sa ceinture. Tiens, v’là ton avance. »
19.06.17 15:44
Felix Diletto
Felix Diletto



    Il ricane, le matelot, en sentant à quel point l'inquisiteur est blasé, agacé. Quand l'on envoie son bras valser, il oppose le peu de résistance que ses maigres muscles lui permettent pour ne pas partir avec ; enfin, il le croise avec l'autre, affichant une moue impassible, cachant sa fierté derrière les boucles noires qui tombent sur son visage. Monsieur Vail serait donc à ce point démuni pour s'adresser ainsi à un malfrat comme Felix ? Ce dernier en ricane intérieurement, se dit que l'heure est bien grave pour que l'homme de Dieu s'avoue aussi ouvertement redevable. Son idée se tient, cependant, et le trafiquant ne voit pas ce qu'il pourrait ajouter de plus. Jusqu'à présent, l'inquisiteur a été un client modèle et honnête pour les quelques fois où il a sollicité l'italien. Ce dernier, bien qu'infiniment nonchalant comme à son habitude, et bien qu'il ait l'air de prendre cette histoire comme une simple partie de carte où il mise gros, comprend la gravité de la situation ; aussi, il hoche doucement la tête alors que déjà il trépigne dans ses bottes, écarquillant les yeux d'approbation quant à la trentaine de carreaux. Il lui faudra presque plus que ça, mais Felix se démerde pour le coup. Son inquisiteur préféré, il peut bien rajouter quelques unités dans le tas pour lui. De toute façon, pas de commandes recensée récemment de la part des armées qui se battent, alors autant ne pas les laisser moisir dans l'entrepôt. D'une main habituée, l'italien attrape la bourse, la pèse, la tâte, estime la monnaie dedans. Allez, on va dire que ça va faire l'affaire.

    Quelle assurance j'ai d'être payé ? Notre bon pasteur n'est pas connu pour sa générosité. Le matelot renifle. Il se méfie des églises et de leurs prêts comme de la peste. C'est pas fiable pour les affaires. Que le ciel t'en garde, mais si tu crèves, j'ai quoi comme assurance derrière ? L'heure n'est, malheureusement, plus aux négociations, à la méfiance, et la fourberie. Avare mais pas idiot. Le contrebandier laisse ses bras tomber le long de son corps, pousse un soupir à peine silencieux. Je te fais le cadeau de ma confiance, Alphaeus. J'attendrai tes hommes directement à l'entrepôt. Conclue-t-il, s'éloignant déjà de quelques pas.




    Déjà, les portes de son entrepôt s'ouvrent et y entrent de jeunes hommes, bien plus grands et costauds que ne l'est le matelot ; en même temps, tout le monde est plus grand et plus costaud. D'une voix inquisitrice, ponctuée de ce léger accent italien, il désigne les caisses à transporter après les avoir compter, prohibe les torches dans l'endroit. La poudre prendrait feu, et Alphaeus devrait débourser plus qu'il n'a pour rembourser. Bientôt, le bruit de la chaîne qui scelle la porte se fait entendre, son cadenas aussi, et la lourde charge pèse sur les poignées de fer. Les roues du chariot grincent quand le poids plume saute à l'arrière ; ils ne tardent pas à arriver au centre-ville, chez l'artisan chargé de fondre l'argent. D'un œil vif, le matelot cherche la silhouette de son camarade, espérant très sincèrement qu'il parviendra à obtenir ce qu'il lui faut pour compléter son projet.
19.06.17 16:49
Alphaeus Vail
Alphaeus Vail
LA MAIN DE DIEU
C’est la mine grave qu’il avait quitté le port, bien que soulagé que les négociations se soient déroulées sans anicroche. D’autres réjouissances l’attendaient en ville, ne lui laissant guère le temps de souffler. Comme il l’avait exposé au contrebandier, il lui fallait désormais organiser une levée de fonds, convaincre le pasteur du bien fondé et de la nécessité de cette action en un temps record, menacer les citoyens les plus avares, trouver de l’argent pour les carreaux d’arbalète… Il s’efforçait de faire au plus vite tout en considérant les tâches qui l’attendaient une par une, sans quoi il se serait senti gagné par le découragement. Et, pour rajouter à la difficulté du problème, il y avait cette douleur qui irradiait son torse à chaque pas, qui l’élançait sur tout le flanc droit et lui rappelait que dehors, le monstre rôdait, prêt à frapper à nouveau. Et puis, l’argent se montrerait-il efficace ? Il grinçait des dents, tâchant de ne pas trop penser à ce qu’il arriverait si leur théorie tombait à l’eau.  

Il y eut la discussion à bâtons rompus avec Deyvos, qui dût pourtant reconnaître qu’il falllait utiliser l’argent de Dieu pour financer cette campagne contre les démons, sinon quoi il n’y aurait plus de fidèles. Il y eut le porte à porte, la rafle de l’argenterie et de la monnaie, les injures impertinentes de ceux qui roulaient sur l’or, les silences lourds des plus démunis, qui acceptaient sans rechigner de participer au bien commun bien qu’ils savaient que les trente derniers jours du mois seraient encore plus durs à supporter en cette fin d’hiver. Il y eut le rassemblement sur la grand’place, la mobilisation des hommes en état de se battre, la remotivation des troupes, la litanie monocorde des prières adressées aux morts et aux vivants.
Puis, finalement, il y eut l’entrevue chez le forgeron du village, qui avait ranimé le feu étouffant de ses forges en cette nuit d’horreur.
Comme s’il savait qu’on aurait besoin de lui.

***


La colonie toute entière semblant dans l’attente d’un dénouement qui serait fatal à l’un des deux camps : le démon mangeur de chair, ou eux. Bien que la populace grouillât d’animation en cette heure inhabituelle, l’air était chargé de nervosité, de peur, de colère. L’on s’activait en silence, le visage fermé, car il n’y avait rien à dire. Chacun savait ce qui les attendait au bout de la nuit.

Alphaeus se présenta chez Jones flanqué de deux hommes, l’un chargé d’or et l’autre d’argent. L’or pour Felix, l’argent pour Jones. Jones était le meilleur forgeron du village, ou du moins celui en lequel l’inquisiteur avait le plus confiance. Il toqua trois coups secs à sa porte, et se contenta d’un hochement de tête pour le saluer. ▬ Jones, on a besoin d’ton talent. L’autre opina du chef. ▬ Le p’tit Max est passé, il m’a mis au parfum. Fais voir c’que t’as. D’un coup du menton qui allait du sac à un établi, Alpha indiqua à son acolyte de déverser son chargement sur la planche de bois. ▬ Tant mieux. Tu penses en avoir pour combien de temps ? Le gars connaissait son affaire, alors Al’ s’en remettait à son jugement.
Maintenant, il fallait patienter…

Felix ne tarda pas à pointer le bout de son nez, comme une pie radine au moindre objet brillant. Pendant ce temps là, Jones s’était déjà mis à la tâche. Le bruit de la carriole se trainant sur les pavé ameuta l’inquisiteur, qui esquissa quelque pas jusqu’à l’embrasure de la porte, jetant un coup d’oeil au dehors pour apercevoir Monsieur bouclettes ainsi que les gamins qu’il avait envoyés. Il soupira, comme s’il avait eu peur que Felix lui fasse faux-bond.
Te voilà enfin. il commenta.
19.06.17 19:36
Felix Diletto
Felix Diletto



    D'un saut, il descend de son siège de fortune tandis que l'on s'active autour de lui. Ses iris noisette se posent sur la forge qui chauffe déjà, sur le propriétaire, qui remue dans la caisse l'argenterie à fondre. Un souffle, un profond soupir, tandis qu'il pose une main sur ses hanches, que l'inquisiteur le rejoint. Enfin. Comme s'il avait douté un instant de la fiabilité du matelot. Ce dernier, à cette pensée, retient un souffle du nez, préférant hocher la tête vers son camarade.

    Ça s'est bien passé ? Demande-t-il. Rien à fiche de savoir combien de familles ont pleuré la disparition de leur fortune ; il veut savoir si Alphaeus a eu ce qu'il fallait pour payer la cargaison de carreaux. Tu penses que ça sera prêt dans combien de temps ? La Bête ne va pas attendre patiemment que vous soyez tous armés.

    Il pense à voix haute plus qu'il ne fait vraiment remarquer à l'inquisiteur que le temps leur est compté. Enfin, leur, pour peu qu'il en ait quelque chose à faire. En aidant à tuer ce monstre, il sauve un peu son business aussi, mais la Pennsylvanie regorge de colonies où il pourrait faire ses magouilles, alors pour ce que ça lui fait si le monstre est terrassé dans la nuit ou non... Le vrai problème, ce qui le motive le plus à pourfendre cette créature, c'est que Roxanna risque d'être une victime parmi les autres de la violence du conflit. Pas qu'il fasse dans la mièvrerie, mais il y tient, à cette bonne femme.

    T'as du rabiot, dans les caisses. J'allais pas trier pour cinq ou dix carreaux en plus. Magnanime et bon seigneur qu'il est. C'est la maison qui offre. Par contre, t'as ce qu'il faut ? Et par "ce qu'il faut", il sous-entend, d'un geste communicatif, le paiement qui lui est dû. On offre pas de carreaux d'arbalète, par ici. Et, de toute façon, c'est le contrat.
28.06.17 14:11
Alphaeus Vail
Alphaeus Vail
LA MAIN DE DIEU
Alphaeus cligna des yeux et étouffa un baillement. Alors que Jones s’échinait à réchauffer son feu pour travailler l’argent, l’inquisiteur disposait enfin d’un instant de répit qui lui fit prendre conscience de sa fatigue. Des ombres se mirent à danser devant ses yeux cernés, qu’il chassa de sa seule volonté. L’arrivée de Felix lui arracha un soupir, lui rappelant que son exercice ne s’arrêtait pas ici en cette nuit qui n’en finissait plus.
La question du contrebandier dès qu’il eut franchi la porte de la forge en dit long sur sa personnalité.  Empli de lassitude, Al’ n’eut pas la force de lui répondre avec humour, et se contenter d’un mot et d’un coup de tête vers l’un de ses hommes. ▬ Christian. L’or. Le susnommé se raidit en voyant à qui était destiné ce que l’on avait soutiré aux braves citoyens, grinça des dents mais n’osa pas contester l’ordre. Il se redressa de toute sa hauteur, attrapa de sa poigne ferme le sac de toile et le lâcha aux pieds de Felix sans plus de précautions. Il lui coula un regard lourd de colère puis regagna sa place avec un reniflement équivoque. Suivant Christian du regard, Al’ haussa les épaules. Il comprenait l’attitude de son acolyte, mais à quoi bon. Là où d’autres avaient choisi l’honneur, certains se voyaient gouvernés par l’argent. Et l’inquisiteur préférait de loin ceux là aux serviteurs du Malin.

Agacé par les autres remarques du gamin, une lueur de mépris traversa les iris d’Alphaeus. ▬ Si c’est pour énoncer à voix haute ce que nous savons tous, ne gaspille pas ta salive, marchand. Quand viendra l’heure, ce sera à nous de combattre tandis que tu compteras tes sous. On fait au plus vite. Même s’ils ne dirent mot, il sentit l’approbation de ses camarades. L’animosité était palpable, bien qu’elle ne soit pas entièrement dirigée envers le contrebandier.
Le monstre. Ils l’avaient tous à l’esprit, et Alphaeus plus encore. A chaque élancement douloureux de sa chair, il se souvenait la bête d’ébène qu’ils avaient affrontés dans les bois. Il se souvenait sa force prodigieuse et sa vitesse, et l’impuissance qu’il avait ressenti face à elle, son incapacité à lutter. Tout cela le rendait furieux, mais il amassait sa colère pour mieux frapper le moment venu. Il chercha à détendre l'atmosphère. Il ne servait à rien qu’ils se montent les uns contre les autres désormais. ▬ Merci pour le supplément. On en fera bon usage. Et merci pour ton soutien. Bien qu’intéressé, il reste apprécié. Alphaeus lui décocha un maigre sourire pour accompagner ses remerciements. Felix était précieux, et il ne lui fallait pas se le mettre à dos.
Cela sonnait également comme une invitation à disparaître. Sa présence ici n’était plus requise, et ne faisait qu’attiser le courroux de ses hommes. Il souhaitait qu’ils aient assez de discernement pour comprendre que le marchand n’était pas la source de leurs problèmes, mais il n’avait pas la force de le leur entendre. Il jeta un regard entendu à monsieur bouclettes, et ferma les yeux.
18.07.17 16:37
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