Histoire
- X - La Roue de Fortune:
Lorsque les cheveux roux de la petite Elizabeth Parris commencèrent à pousser, sa mère l’abandonna dans une forêt du Kent. Livrée à elle-même, la petite fille était vouée à une mort certaine – mais pour le bien de cette histoire, il n’en fut rien. C’est la domestique d’une riche famille de marchands qui trouva le minuscule bébé au pied d’un chêne. Elle crut d’abord que l’enfant était mort, car ses grands yeux restaient fixés sur la cime des arbres sans ciller. Cependant, lorsqu’elle posa sa main contre le front blanc pour en éprouver la température, une longue plainte s’éleva du petit corps. Le bien-être d’un nourrisson constituait alors une tâche considérable, mais par une mystérieuse ironie du sort, ou par quelque grâce divine – bien qu’il fût grotesque d’invoquer Dieu dans une histoire de sorcière – il se trouvait parmi les serviteurs de la famille une cuisinière qui venait d’enfanter, et qui avait assez de deux mamelles pour nourrir deux enfants.
C’est ainsi qu’Elizabeth entra au service de la lignée des Daucourt alors qu’elle n’avait même pas un an.
Les Daucourt auraient pu être une noble famille comme de nombreuses autres à cette époque, mais quelques détails les privaient d’être considérés comme « normaux » par leurs voisins. Tout d’abord, ils étaient français, ce qui était une raison largement suffisante pour que leurs pairs britanniques les aient en horreur. Ensuite, ils étaient sorciers de père en fils, et de mère en fille. Les arts occultes n’épargnaient personne dans la famille des Daucourt, bien que tous ne soient pas gratifiés des mêmes dons, au grand dam de ceux qui pouvaient à peine allumer une bougie par la force de leur esprit tandis qu'un cousin de dix ans pouvait déjà invoquer les tempêtes. Anne Daucourt, la dernière née, était de ceux qui maîtrisaient les tempêtes. Ses talents s'épanouirent très tôt, et ses parents étaient extatiques à l'idée que leur fille prennent la tête de la lignée une fois adulte. Mais lorsque l'on est enfant, on a d'autres préoccupations que devenir chef de famille, et la préoccupation principale d'Anne était d'obtenir l'amitié de Betty. Cette dernière lui donna bien volontiers, et les fillettes devinrent rapidement inséparables. Grâce à cette amitié, Betty obtint les premières ébauches d'une éducation. Elle appris à lire, à écrire, à compter, puis comment prendre soin d'une maison et de ses habitants, comment faire la cuisine et s'occuper du linge... Mais lorsqu'elle s'appliquait à tracer son alphabet, elle ne pouvait s'empêcher de couler des regards envieux à Anne, penchée sur d'épais grimoires, murmurant des paroles secrètes qui faisaient pousser des bourgeons et des fleurs dans le bois de sa table.
- II - La Papesse:
Un jour, n'y tenant plus, Betty demanda à la mère d'Anne si elle pouvait elle aussi apprendre la magie. Daphnée Daucourt la considéra d'un oeil outré :
" Que me chante-tu là Elizabeth ?
- Je veux être une sorcière aussi madame. Pourquoi Anne peut-elle apprendre toutes ces choses, et pas moi ?
Daphnée referma le livre qu'elle tenait sur ses genoux et poussa un profond soupir.
- Anne est une Daucourt. Elle a la magie dans le sang.
- Et pourquoi je ne l'aurais pas moi ?
- Parce que tu ne saurais pas la maîtriser.
- Comment pouvez-vous le savoir si vous ne m'apprenez pas ?!
- Je le sais Elizabeth, c'est tout.
Les yeux de sa maîtresse se firent durs.
- Tu devrais déjà te montrer reconnaissante de ce que nous t'avons offert. Pense-tu que toutes les petites filles de ton âge sachent lire et écrire ? Figure-toi que cela n'est réservé qu'aux nobles !
- Aux nobles ? Vous m'avez éduquée pour que je sois une domestique, c'est tout !
- Une domestique qui sait lire et écrire. C'est déjà beaucoup trop pour toi. Si nous avions su que cela te donnerait de sottes idées de grandeur, nous n'aurions jamais été aussi cléments. "
Betty voulu répliquer, mais le regard bleu perçant de Daphnée cloua les mots au fond de sa gorge. Ils y restèrent si bien noués que la fillette ne retrouva l'usage de la parole qu'une semaine plus tard.
Elle essaya de quémander auprès de son amie, afin qu'elle lui prête ses livres et qu'elle lui enseigne elle-même les rudiments de l'ésotérisme, mais Anne ne voulait pas courir le risque de contrarier sa mère. Alors Betty rechercha un autre mentor.
- I - Le Bateleur:
Elle finit par trouver ce mentor en la personne d'une étrange femme aux longs cheveux noirs qui semblaient constamment trempés, au visage dévoré de taches de rousseur et aux yeux couleur d'acier. Betty la rencontra alors qu'elle ruminait ses pensées, assise sur la petite plage au pied de la falaise qu'occupait le manoir Daucourt. Elle était concentrée sur le décompte des secondes entre chaque vague lorsqu'elle sentit une main caresser doucement ses boucles rousses.
" Dis-moi mon enfant, aime-tu la couleur de tes cheveux ? "
Betty regarda la femme avec des yeux ronds. Ses longues mèches noires étaient dégoulinantes, et ses vêtements collaient à sa peau, comme si elle venait de sortir de l'eau.
" ... Pourquoi devrais-je l'aimer ?
- Les cheveux roux sont l'apanage des sorcières...
La petite fille se rembrunit.
- Je ne peux pas être une sorcière. Je n'en suis pas digne.
Un fin sourire se dessina parmi les taches de rousseur.
- Qui t'as dit telle sottise ?
Betty désigna le manoir en haut de la falaise d'un coup de menton. La femme suivit son regard.
- Oh, il ne faut pas écouter les Daucourt. Ce sont des jaloux tu sais. Ils ont trop peur que quelqu'un devienne plus fort qu'eux.
- Parce que quelqu'un pourrait devenir plus fort qu'eux ? demanda la rouquine avec une moue dubitative.
- Bien sûr. Moi-même, je suis bien plus forte qu'eux.
- Vraiment ?
- Vraiment.
La femme s'assit à côté d'elle, et revint jouer avec une mèche rousse du bout des doigts.
- Tu sais à quoi je pense ?
- Quoi ?
- Je pense qu'une personne avec d'aussi jolis cheveux roux est vouée à être une sorcière.
La respiration de Betty s'emballa.
- ... Vous pensez... ?
- J'en suis certaine.
- Apprenez-moi.
Le sourire de la femme s'accentua.
- Avec plaisir... mais j'aurais besoin que tu m'accordes une faveur en échange.
Sans réfléchir, la fillette accepta.
Le jour suivant, Betty ramena à la femme le grimoire du fondateur de la lignée Daucourt. Cet acte la priva définitivement de la confiance de sa famille adoptive, et marqua le début de son apprentissage sous la tutelle de Gaëlle Clarick.
Gaëlle Clarick était la dirigeante d'une lignée de sorciers anglais qui comptait peu de membres, et vouait aux Daucourt une haine féroce, là où ces derniers les méprisaient cordialement. La nouvelle élève de Gaëlle lui fournissait avec une joie malsaine tous les petits détails intimes de son ancienne famille adoptive, et recevait en échange l'éducation magique dont elle avait tant rêvé. Plusieurs années s'écoulèrent ainsi, et à ses 20 ans, Elizabeth reçut son propre grimoire, et fit la rencontre de son familier, une pie nommée Belle. Avide de pouvoir, la rouquine s'imaginait déjà surpasser Anne Daucourt, engendrer sa propre lignée, et devenir la sorcière la plus puissante d'Angleterre. Mais la loi du triple retour n'épargne personne, et les rêves de grandeur de Betty prirent brutalement fin.
- XV - Le Diable:
Cela commença par sa rencontre avec l'inquisiteur Thomas Shepherd. Celui-ci avait eu vent de l'existence d'une jeune femme rousse qui provoquait la maladie dans les foyers de ceux qui lui manquaient de respect. Mais au lieu de la faire enfermer et de la soumettre à la question, il s'éprit follement d'elle, sans que sa passion ne trouve de retour. Seulement, Thomas Shepherd n'était pas homme à accepter qu'on le repousse, et finit par assouvir son désir dans la violence. L'épisode brisa la confiance étincelante de la sorcière, et elle réalisa avec horreur qu'aussi puissante s'était-elle imaginée, elle n'était pas capable de se défendre contre la violence des hommes et de leurs pulsions. Enfin satisfait, l'inquisiteur se désintéressa totalement d'elle, et ne pris même pas la peine de la dénoncer à l'Eglise.
Détruite aussi bien moralement que physiquement, la jeune femme chercha le réconfort auprès de Gaëlle, mais constatant que son élève avait été souillée par un mondain, la matriarche des Clarick la renia et lui interdit tout contact avec la lignée.
- XIII - La Mort:
Privée de foyer, privée de professeur, Betty n'avait plus que Belle et sa dignité fragilisée pour survivre. Un instant, elle considéra la possibilité de retourner vers les Daucourt, mais elle était encore bien trop fière pour cela. La jeune femme passa ainsi un an dans la misère la plus sombre, réduite à mendier et à couvrir ses cheveux roux de charbon pour échaper au bûcher, tandis qu'en son sein grandissait l'enfant de l'inquisiteur Shepherd. Lorsque la sorcière comprit pourquoi son ventre s'arondissait de la sorte, le peu d'honneur qu'il lui restait acheva de se consumer. Dans la panique, elle essaya tant bien que mal de se débarrasser de la petite horreur, elle concocta de nombreux élixirs, mais son grimoire n'abordait nulle part la question des grossesses non désirées. La jeune femme s'empoisonna à plusieurs reprises, et au terme du septième mois, considéra de mettre fin à ses propres jours. Mais elle ne voulait pas mourir, pas déjà. Alors elle alla frapper chez les Daucourt.
Elle ne connaissait pas la domestique qui lui ouvrit, et n'eut pas le temps de se présenter qu'elle s'évanouit sur la pas de la porte.
- XIV - La Tempérance:
Lorsqu'elle ouvrir les yeux, Gaëlle était penchée sur elle. Trop fatiguée pour manifester son étonnement, Betty se contenta d'arrondir la bouche en une question muette. Gaëlle se redressa et interpella quelqu'un à l'autre bout de la chambre, mais la jeune femme ne l'écouta pas. Elle observait son professeur sans un mot, et se demanda pourquoi elle avait décidé de couper ainsi ses cheveux, et pourquoi elle portait une culotte d'homme. Le visage de Gaëlle fut alors remplacé par celui d'une femme blonde aux yeux doux, qui lui caressa la joue avec une infinie délicatesse.
" Comment te sens-tu Betty... ?
- ... Anne ?
- Oui, c'est moi...
Elle lui sourit avec une telle tendresse que Betty eut envie de pleurer. Comment pouvait-elle encore la regarder de la sorte après tout ce qu'il s'était passé ?
- Je suis désolée Anne... J'ai été stupide...
- Ce n'est rien Betty... Tu dois te reposer...
- Je suis enceinte Anne...
- Je sais. Nous allons nous en occuper, ne t'en fais pas. Repose-toi pour le moment. "
Bercée par la voix de son amie, la sorcière déchue replongea avec gratitude dans un sommeil sans rêve.
Lorsque Betty accoucha, il s'avéra que son enfant était mort-né. En voyant le petit cadavre, la jeune femme éclata de rire, puis fondit en larmes. Jamais elle ne s'était sentie aussi démunie, aussi faible. C'était comme si tous ses pouvoirs l'avaient abandonnée. Elle se retrouvait au stade des pauvres Daucourt qui ne pouvaient qu'allumer une mèche de bougie.
Lors des quelques mois de convalescence qu'elle passa dans le manoir Daucourt, elle apprit que la personne qu'elle avait prise pour Gaëlle était en fait son neveu, Louis Clarick, et le mari de Anne. Leur mariage avait scellé un accord de paix entre les deux lignées, et le jeune couple avait reçu le manoir familial en cadeau. Louis n'avait rien d'un Clarick. Il était patient, attentionné, doux, et n'était pas rongé par cette soif de pouvoir dévorante qui animait sa tante. Assisté de sa femme, il prit grand soin de Betty, et gagna ainsi sa reconnaissance éternelle.
- 0 - Le Fou:
Quand elle eut repris suffisamment de poids, et que ses pouvoirs la regagnèrent petit à petit, son départ fut organisé. En effet, elle ne pouvait demeurer plus longtemps au manoir, car les familles du couple n'allaient pas tarder à leur rendre visite, et maintenant que Betty était considérée comme un paria par les deux, elle ne pouvait plus se permettre de rester. Alors qu'elle réunissait ses quelques affaires, elle déclara gravement à Anne :
" Je veux prendre un nouveau départ.
Interloquée, son amie releva les yeux de la robe qu'elle était en train de plier soigneusement.
- J'ai fait trop d'erreurs. Si je reste ici, je ne pourrai jamais totalement les oublier.
- ... Qu'est-ce que tu veux dire, Betty ?
La rouquine tourna la tête pour observer la mer par la fenêtre.
- Je vais partir dans le Nouveau Monde.
- Toute seule ?! s'étrangla Anne.
- Je saurai me débrouiller.
Elle tourna ses yeux graves vers son amie.
- Je n'ai plus rien à faire en Angleterre. Je veux repartir à zéro, et je ne pourrai le faire que là-bas. "
Elizabeth posa le pied sur le sol de Warwick Bay à 25 ans, en tant que domestique de la famille Perkins. Ici demeure le point de départ de sa nouvelle histoire.
Ton personnage...
Pratique t-il les arts occultes ? : Oui. Il fut un temps où elle maîtrisait plusieurs sortes de magies, mais suite à ses méfaits, elle perdit l'usage des plus puissantes. Ayant éprouvé violemment la loi du triple retour, elle s'applique dorénavant à une magie plus "modeste", et essaye de s'en passer lorsqu'elle n'en a pas absolument besoin. Ses prédilections sont désormais l'herboristerie, qu'elle a appris afin de pouvoir servir au mieux ses maîtres, la cartomancie, qui lui sert à prendre des décisions compliquées, et la magie élémentaire basique. Son familier est une pie nommée Belle qui lui sert à envoyer des lettres, et sa mamelle est située dans le pli intérieur de son poignet droit. Elle la dissimule en portant de nombreux bracelets.
Quel est son avis sur la tribu indienne: Il lui est arrivé d'apercevoir des indiens de loin dans la forêt, mais n'a jamais tenté d'établir le contact avec eux. Elle a cependant entendu parler de leurs chamans, et aimerait beaucoup en apprendre plus sur la magie des Natifs.
Se sent-il concerné par la guerre entre les français et les anglais ? La guerre l'inquiète, car elle craint pour son amie française Anne, mariée à un anglais. Elle a du mal à prendre position, et préfère observer les évènement de loin. Ne sachant quel parti prendre, il lui serait difficile de prendre part au conflit.
Fait-il partie d'une lignée de sorciers ou d'un coven ? Elle n'a aucune ascendance occulte dans son arbre généalogique, mais a fréquenté pendant longtemps deux lignées en Angleterre, et a bénéficié d'une part de leurs connaissances. Elle n'a jamais rejoint de coven, et hésite parfois à sauter le pas, mais le souvenir de ses erreurs passées la dissuade de rejoindre un nouveau groupe.
Derrière l'écran
Pseudo: Noké
Âge: 17 piges
Comment as-tu connu Witchcraft ? : J'ai été embrigadée par une personne qui se reconnaîtra *winkwonk*
Désires-tu être parrainé ? : Non merci ~
Un petit mot à dire ? : L'histoire est tellement longue je suis tellement désolée si vous arrivez à la lire jusqu'au bout vous êtes des personnes merveilleuses je vous présente mes plus plates excuses